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Douleurs chroniques et prise en charge psychologique, être bien dans sa tête pour être mieux dans son corps

Platon disait « Les maux du corps sont les mots de l’âme, ainsi on ne doit pas chercher à guérir le corps sans guérir l’âme ». Qu’on puisse guérir ou non, faire un travail de l’esprit est essentiel pour vivre en paix et apprécier de nouveau le parfum des fleurs du printemps, les arcs-en-ciel et la barbapapa, grâce à un psy ou un gourou, au choix.

Avoir un suivi pour accepter la maladie, accepter ce dont personne n’a envie

Les douleurs chroniques et le handicap provoquent dans la majorité des cas une dépression. C’est difficile d’être malade et avoir mal tout le temps, ou d’avoir mal sans savoir pourquoi lorsque l’on est en pleine errance médicale.
Lorsque j’étais dans un groupe de patientes atteintes de fibromyalgie en centre anti-douleur, presque la totalité disaient être en dépression.

Le corps change, la vie aussi, on n’est plus la même personne. Les patients ont souvent un sentiment d’injustice, des frustrations, de la colère et tout un panel d’émotions négatives sur lesquelles il faut travailler pour être en paix avec soi-même.
L’entourage ne comprend pas forcément ce qui arrive au patient, c’est important d’avoir une personne extérieure pour nous écouter mais aussi nous guider.
Pour vivre en paix avec sa maladie et son handicap, il faut l’accepter. C’est un apprentissage qu’on ne peut faire seul-e, il faut des professeurs de la vie, donc des psychothérapeutes.

J’avais en tête toute une liste de choses que je ne pouvais plus faire. J’en ai parlé à ma psy, qui m’a demandé de faire la liste inverse « qu’est-ce que je peux encore faire ? ».
J’avais aussi un énorme sentiment de culpabilité de ne plus pouvoir travailler. Là aussi, elle m’a rassurée en m’expliquant que ce n’était pas moi qui n’était pas adaptée à la société, mais l’inverse. Que ce n’était pas ma faute si je n’arrivais pas à travailler autant qu’une personne valide. Qu’avec les douleurs que j’avais, prendre soin de moi était légitime.

Peu importe la pathologie, le moral joue sur les douleurs. Il est donc primordial d’apprendre à positiver pour diminuer la douleur et mieux gérer les crises. Certains troubles psy peuvent causer des douleurs, les douleurs psychosomatiques ne sont pas un mythe mais un fait, quand le cerveau fait n’importe quoi le corps peut en pâtir.

Psychologues, psychiatres, psycho-énergéticien, psykokwak, qui consulter ?

Certains centres anti-douleurs proposent une prise en charge psychologique. Vous pouvez également vous tourner vers les cabinets libéraux, ou institutions qui permettent d’accéder gratuitement à un suivi si vous n’en avez pas les moyens. Pour les moins de 25 ans il faut se diriger vers les Espaces Santé Jeunes et pour les plus de 25 ans vers les Centres Médicaux Psychologiques (CMP).

Les psychologues peuvent vous rediriger vers d’autres praticiens. L’espace jeune où j’étais suivie avait un partenariat avec une sophrologue, j’ai eu droit à plusieurs séances gratuites et personnalisées.

Les psychiatres sont spécialisés dans les maladies mentales et sont habilités à prescrire des médicaments. Les psychologues accompagnent le patient au niveau de sa santé mentale et de son développement personnel.

Parfois, parler ne suffit pas à se libérer de ses émotions ou traumatismes passés. Même si c’est une étape essentielle vers la paix intérieure, se tourner vers d’autres pratiques permet de se libérer totalement de ses souffrances passées. Pour cela, il faut se diriger vers des pratiques qui commencent à se démocratiser telles que l’EMDR ou les thérapies holistiques.
Consulter un hypnothérapeute, sophrologue, psycho-énergéticien peut remplacer ou compléter un suivi psychologique, qui, même s’il est utile, comporte des limites. Ces thérapies moins conventionnelles sont très efficaces pour gérer voire traiter les douleurs chroniques ou se libérer des traumatismes que cela peut engendrer.

EMDR, l’hypnose, explorer l’inconscient et découvrir une terre inconnue et mystérieuse

De plus en plus de médecins recommandent aux patients douloureux chroniques d’écouter « Hypnotize » de System Of A Down. Plus sérieusement, d’essayer des thérapies comme l’EMDR, l’hypnose et la sophrologie. Particulièrement pour les patients dont les douleurs se sont déclenchées suite à traumatisme, comme c’est souvent le cas pour les patients atteints de fibromyalgie. D’ailleurs, le Sed peut lui aussi survenir après un choc émotionnel alors qu’il était en sourdine pendant des années.

L’EMDR est une thérapie qui permet de guérir des traumatismes et se libérer d’émotions négatives. Par exemple, si une personne a vécu ou été témoin d’un accident ou de violences, d’un viol, ou si vous avez traversé un deuil. Cette pratique peut également guérir d’une phobie et traiter les troubles de l’anxiété et dépressions.
EMDR signifie « Eye Movement Desensitization and Reprocessing », en français « Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires », je vais vous expliquer grossièrement parce que même en français ce n’est pas très explicite… On vous agite un bâton de gauche à droite pour recréer le mouvements des yeux quand vous dormez, tout en repensant à un traumatisme, pour que le cortex cérébral traite et archive correctement l’information. Le cerveau le fait lors des légers traumatismes, mais pas pour les gros, les bugs vont se traduire par des douleurs ou troubles psychologiques.

L’EMDR est un type d’hypnose. Les hypnothérapeutes peuvent vous proposer d’autres types de stimulations pour aider votre cerveau à traiter les données, comme des stimulations sonores par exemple. Ou bien, par le biais de suggestions mentales, grâce à la voix de votre praticien qui va vous guider pour vous faire entrer dans un état de conscience précis.
Ce que je trouve intéressant, c’est que l’état de conscience dans lequel nous plonge un hypnothérapeute lors d’une séance d’EMDR est proche de l’état méditatif. D’ailleurs, les neuroscientifiques s’intéressent de plus en plus au chamanisme, où là ce n’est pas le patient mais le guérisseur qui atteint un autre état de conscience lorsqu’il est en transe.

Thérapies holistiques, libère tes chakras et ça ira mieux

Certains praticiens vont proposer des soins basés sur ce travail de traitement de l’information cérébrale et en même temps proposer des soins plus holistiques pour se libérer des énergies négatives. Il n’est pas rare de voire des praticiens faire à la fois de l’hypnose et du magnétisme.
Plutôt que de vous donner un médicament quotidien pour réguler vos émotions, ce genre de thérapies va traiter le problème directement à la source et plutôt que de vous stabiliser, vous pourrez guérir.
Certaines thérapies non conventionnelles sont très efficaces pour vivre en paix avec soi-même et les douleurs. Les thérapies holistiques ont pour but de voir le patient dans sa totalité, en alliant corps et esprit. Cela concerne les thérapies qui proposent des libérations de blocages et rééquilibrages énergétiques. C’est un peu tout ce qui touche à l’ésotérisme, les magnétiseurs et psycho-énergéticiens, voire même le chamanisme (ce n’est pas une blague pour une fois).

La kinésiologie va faire le lien entre vos différentes postures, blocages énergétiques et musculaires. J’aimerais en parler plus, mais c’est une pratique que je n’ai pas encore testée. N’hésitez pas à raconter votre expérience dans les commentaires si vous avez déjà essayé.

Il existe plusieurs techniques de libération de émotions, ce serait difficile de toutes les mettre ici, alors je vais m’attarder sur une technique que je connais : l’EFT. Ce terme signifie « Emotion Freedom Technique », soit « Technique de libération des émotions ». On va tapoter à plusieurs endroits du corps (probablement pour faire réagir le cerveau ou un méridien, selon ses croyances) et en même temps parler d’une situation et d’un sentiment. Pour vous donner un aperçu, voici une vidéo « l’EFT en 3 minutes », c’est exactement cela. Je l’ai pratiqué avec une sophrologue et ça a été incroyable, j’ai pleuré comme un bébé dès la première séance alors qu’il a fallu à ma psychologue 2 ans avant de m’arracher 3 petites larmes. https://www.youtube.com/watch?v=NW2cGHWpIr0

Comment j’ai trouvé la sérénité alors que c’était le chaos dans mon corps

Je ne me suis pas mise à faire des blagues sur mon handicap du jour au lendemain. Ça m’a pris du temps et un énorme travail sur moi-même pour retrouver ma joie de vivre et mon goût pour les paillettes.
J’ai fait plusieurs années de psychothérapies, surtout quand la maladie a prit le dessus sur ma vie. En tant qu’ancienne sportive, c’était difficile de me retrouver un piscine de balnéothérapie à galérer à faire des mouvements basiques et de voir des mamies en faire plus que moi. J’avais l’impression de perdre mon identité et de vivre un décalage entre mon corps faible et mon esprit de combattante. Il a fallu que j’accepte cette nouvelle vie.

J’étais, comme beaucoup de patients, en lutte constante contre moi-même. Lutter contre la maladie, c’est lutter contre son corps et soi-même. Une des clés de la délivrance, c’est d’arrêter le combat, ne plus vivre « contre » mais « avec » la maladie. Le pic de mon handicap est apparu à la fin de mes études, quand je voyais mes camarades de fac commencer leur carrière, j’étais coincée dans mon appartement sans pouvoir travailler. Je culpabilisais et étais en colère contre l’univers qui semblait s’acharner contre moi. Aujourd’hui je travaille à domicile et j’apprécie ma petite vie de mamie avec mes rhumatismes et mes cannes à fleurs.

Des douleurs psychosomatiques étant suspectées avant mon diagnostic, on m’a conseillé de faire de l’EMDR. J’ai rencontré une sophrologue psycho-énergéticienne pratiquant l’EMDR, l’EFT et autres techniques de libération des émotions. J’ai pu travailler sur des traumatismes que j’étais persuadée d’avoir vaincus. J’ai revécu des scènes de mon passé, ma thérapeute me disait « c’est la dernière fois que ce sera difficile à vivre » et ce fut le cas. J’ai également fait du travail au niveau de mes émotions, pour apprendre à convertir les émotions négatives en positives.
Je me suis libérée de bagages émotionnels, j’ai appris à changer ma manière de penser pour positiver et ça m’a changé la vie. A la fin de chaque séance, j’avais un sentiment de plénitude, j’ai vraiment redécouvert le bonheur grâce à cette thérapie.
Cela ne m’a pas guérie (contrairement à certains patients de cette femme incroyable), mais j’ai appris des techniques de méditation et auto-hypnose pour soulager la douleur. Me libérer de mon passé m’a permis de me concentrer sur le présent. C’est plus simple de vivre avec la maladie lorsque l’on n’est plus en dépression. Être heureux et handicapé c’est possible, si on le décide.

 

J’ai commencé cet article avec une citation de Platon, je le termine sur une citation de RuPaul « If you can’t love yourself, how in the hell you gonna love somebody else ? » « Si tu ne peux pas t’aimer, comment diable vas-tu aimer quelqu’un d’autre ? Amen

Mon livre : En finir avec les errances médicales, Lisa Naudé, éditions Idéo 2024
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Handi_mermaid (blagues, humour sur la maladie et le handicap)

Chroniques d’une patiente

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2 commentaires

  1. Basile a dit :

    « J’étais, comme beaucoup de patients, en lutte constante contre moi-même. Lutter contre la maladie, c’est lutter contre son corps et soi-même. Une des clés de la délivrance, c’est d’arrêter le combat, ne plus vivre « contre » mais « avec » la maladie. »

    Je veux souligner ce passage qui, je pense merite une double attention.

    D’une, il est vrai, que les handicapés, peuvent, dans le meilleur des cas, tirer des fruits de leur lutte interieure.

    Mais je crois meme que le temoignage des personnes handicapées par une maladie chronique peut apporter des benefices à la société entière.

    Le fait de devoir reconnaitre ses propres limites, surtout brutalement a un age precoce, invite a mesurer l’ensemble des contraintes et des attentes qui sont imposées à tous, et eventuellement a en mûrir psychologiquement.

    Par exemple, j’ai appris, grâce, à mes epreuves, qu’on trouvait des personnes atteintes du « syndrome de down » travaillant main dans la main avec des « valides » il y’a a peine quelque siecles, Aujourd’hui, on n’entend parler de ce handicap que de sources medicales.

    J’ai aussi appris, qu’il y’a a peine plus d’un siecle que nous etions, pour beaucoup, maitres de nos conditions et de nos horaires de travail, et que nous pouvions mener une routine « en souplesse », ce qui beneficierait a beaucoup : migrianeux, depression, insuffisants renaux, etc.

    Grâce à ma psychotherapie, j’ai appris a apprecier la valeur que j’avais entre mes mains.

    Le probleme c’est que beaucoup de personnes se défendent d’être « un psykokwak » et ça engender une sociétée tres clivée qui meriteraient bien de s’ecouter mutuellement.

    D’un autre côté, les psychopraticiens ne peuvent supporter tout une patienteles qui se reposent sur eux, et finissent par se proteger de leurs patients et ça demande un moral d’acier pour trouver quelqu’un apte a nous ecouter.

    Bon courage pour ton temoignage.

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