Chien & Handicap : avantages, inconvénients et solutions

Un chien est-il compatible avec un handicap ? Faisons un point sur les avantages et inconvénients d’avoir un chien lorsque l’on est en situation de handicap, mais aussi sur les solutions pour continuer de s’en occuper quand c’est physiquement compliqué. La maladie est malheureusement un des facteurs d’abandons les plus fréquents, il existe pourtant des solutions, en voici quelques unes.

Les avantages d’avoir un chien lorsque l’on est en situation de handicap

Etre en situation de handicap signifie dans bien des cas avoir des difficultés à sortir, se retrouver seul chez soi. La solitude peut devenir rapidement pesante, avoir un animal compagnie, c’est comme le nom l’indique, avoir de la compagnie (vive la tautologie).
Pour le coup, beaucoup de chiens ne supportent pas la solitude et vivent mal l’absence de leur maître qui part au travail. Les personne qui travaillent à domicile ou ne peuvent pas travailler peuvent offrir une présence quasi permanente à leur animal à quatre pattes.

Cet être poilu peut être la source d’un grand réconfort lorsque l’on souffre de douleurs chroniques. Le bonheur et l’amour qu’ils nous apportent peut pratiquement faire office d’anti-douleur. Si je tiens aussi bien le coup psychologiquement, c’est en grande partie grâce mon chien, que je considère comme un être solaire qui illumine ma vie. Il est ma dose de bonheur face à la douleur de ma maladie.

Problématique qui ne concerne pas vraiment les valides : comment faire pour appeler les secours si on se retrouve inconscient ou incapable de bouger ? Votre chien ne va pas pouvoir appeler les secours lui-même, c’est dommage, mais il peut au moins avertir votre voisinage. Cela m’est déjà arrivé, il y a quelques années, j’ai fait un malaise dans mon appartement, je suis restée un bon moment par terre, dans mon entrée. Mon chien n’avait pas encore l’habitude de me voir comme ça, il a commencé à hurler (c’est une race qui n’aboie pas), j’ai eu peur que les voisins soient alertés.
Avec le temps il a arrêté de paniquer à chacun de mes malaises, mais je pense qu’il saurait faire la différence s’il m’arrivait quelques chose de grave. Si un malaise grave arrive avant l’heure de sa gamelle, j’ai une chance de m’en sortir ! Il paniquerait de ne pas avoir sa nourriture et peut être très insistant quand il a faim.

Peu importe le lieu de vie, un chien a besoin de sortir tous les jours. Cela représente une activité physique conséquente, marcher est très bon pour la santé et n’est pas un sport extrême. Mes médecins et ma kiné sont unanimes, sortir mon chien permet de m’entretenir.
À condition de ne pas forcer, même si c’est une pratique accessible, avec des pathologies comme la mienne, il y a des jours où l’on ne peut tout simplement pas marcher. Il faut donc mettre en place des solutions pour que le chien puisse se dépenser correctement.

Les inconvénients d’avoir un chien en situation de handicap

En appartement, un chien a besoin d’au moins 4 balades par jour, dont une longue pour se dépenser. En maison, il faut aussi faire au moins une longue balade tous les jours. Un jardin ne suffit pas pour stimuler le chien, il a besoin de découvrir des odeurs extérieurs et de se sociabiliser avec ses congénères.
C’est une dépense physique conséquente et un risque de se blesser si on force trop. C’est un énorme problème lorsque l’on a des douleurs chroniques et des difficultés de mobilité. C’est un coût physique dont il faut avoir conscience. Il faut avoir un bon mental, la volonté de sortir le chien même quand on a trop mal. Ou, mettre en place des solutions pour les jours où l’on n’a pas les cuillères pour sortir son chien.

Ma maladie en particulier pose certaines problématiques dont il faut avoir conscience, si on est du type hypermobile, le risque de subluxations est important. Par exemple en laisse, si le chien tire trop fort. Il faut impérativement un chien qui sache marcher au pied, au risque d’y laisser des ligaments. Il m’est déjà arrivé de me déboiter l’épaule à cause… d’un pigeon. Vous voyez dans Le Roi Lion la scène où Pumba fonce pour faire fuir les oiseaux ? Mon chien fait PAREIL.
J’ai commencé l’apprentissage de la marche au pied quand je l’ai adopté, au début c’est lui qui me promenait. Après plusieurs ANNÉES de persévérance, c’est devenu un acquis. Aussi, il remarque quand j’ai trop mal, ralentit et marche à mon rythme.

S’occuper d’un chien, ce n’est pas seulement une histoire de balades. Que vous achetiez un chiot ou adoptiez un chien, un travail d’éducation sera nécessaire. Il sera plus important avec un chiot, ce sont des boules d’énergies qui ont tout à apprendre. S’en suit une phase d’adolescence parfois très pénible pour le maître. Ne tombez pas dans les idées reçues telles que “un chiot est plus facile à éduquer”, “la relation est plus fusionnelle”, c’est tout simplement faux, vous pouvez avoir un lien très fort avec un chien adopté. La France est championne d’Europe de l’abandon, les refuges débordent et si vous êtes en situation de handicap, un chien plus âgé sera plus simple à gérer qu’un chiot.
Un chien, c’est un être vivant dont on a la responsabilité, il faut s’occuper de son bien être physique et mental. C’est un animal pas vraiment indépendant qui demande pratiquement autant d’attention et d’énergie qu’un enfant, alors réflechissez longuement avant d’adopter ce mode de vie.

Avoir un chien c’est faire face à beaucoup de contraintes. Si vous voulez partir en vacances avec votre chien, vous devrez additionner les contraintes de votre handicap à celles d’avoir un chien. L’été, de nombreuses plages n’autorisent pas les chiens, les activités touristiques à faire avec les toutous sont peu nombreuses et certaines locations ou campings refusent les animaux. Et ceci n’est qu’un aperçu des contraintes possibles…

Quelles solutions pour sortir son chien quand on est limité physiquement ?

Pour le bien être de son chien, il faut parfois se résoudre à demander une aide extérieure. Demander un coup de pouce en temps de crise à quelqu’un de la famille, des amis, ou si on en a les moyens, requérir aux services d’un dog-sitter.

Pour continuer de sortir soi-même son toutou, il faut être équipé. J’ai toujours dans mon sac ma canne de marche pliable que je sors dès que j’en ressens le besoin. Toujours avoir un anti-douleur sur soi, au cas où les douleurs deviennent trop forte pendant la balade, et de l’eau, surtout en été.
Pour celles et ceux qui auraient du mal à tenir la laisse, la ceinture cani-cross peut être très pratique, c’est un peu comme un kit main libres.

Promener un chien en fauteuil roulant est-il possible ? La réponse est oui. Evidemment il faut que le chien soit un minimum habitué et si possible calme. J’ai déjà croisé des personnes en fauteuil roulant électrique avec des chiens. Même si ce sont le plus souvent des chiens d’assistance, ce n’est pas toujours le cas.
La cani-trottinette handicyle est une bonne alternative pour un chien sportif. Il s’agit de l’avant d’une trottinette électrique combinée à un fauteuil roulant. Il vous faudra une laisse avec amortisseur pour ne pas blesser le chien, comme on en trouve en cani-trottinette ou cani-vtt, ainsi qu’un harnais adapté, de type traction comme ceux que portent les chiens de traîneaux, qu’on appelle “siwash”.
J’ai moi-même investi dans une cani trottinnette handicycle que j’ai trouvée d’occasion, j’ai ressorti mon matériel de cani-trottinette et c’est reparti pour de belles balades avec le toutou ! Un des gros avantages est que le chien se dépense, sans devoir tout tracter grâce au côté électrique, le maître n’a pas besoin de marcher et peut au contraire se reposer. En revanche, il faut se concentrer davantage pour éviter tout danger. Aussi, pas de sport pour le chien au dessus de 15 degrés, l’été il faut donc sortir très tôt si on veut le faire courir.

Je ne vais pas vous mentir, il y a des jours où je n’arrive pas à sortir. Ces journées là, j’essaye de compenser en jouant avec lui dans le jardin, ou avec son “jeu d’intelligence”. Je culpabilise quand même, comme tout parent qui veut le meilleur pour son enfant.

Du coup, bonne idée ou pas ?

J’ai envie de dire que cela dépend du chien et de la personne. S’il s’agit d’un pépère calme, c’est forcément moins épuisant de s’en occuper que d’un chien sportif ou un chiot.

Si vous voulez vraiment un chien, je vous déconseille donc les chiots ou les chiens sportifs. Demandez-vous si vous avez l’énergie nécessaire pour vous occuper de lui, pour le promener au quotidien.
Dites-vous que la plupart des balades, je les termines en boitant et quand je rentre je suis parfois au bord du malaise (d’où le fauteuil roulant). Etes vous prêts à vivre cela pendant plus de 10 ans ?
Un chien d’assistance est une bonne solution, cela vous permettra d’avoir un chien en adéquation avec votre handicap. Les chiens d’assistances ne sont pas que pour les personnes mal voyantes et non voyantes, ils existe des chiens pour personnes avec difficultés motrices, qui aident par exemple à ramasser des objets.

Même si les chiens sont le meilleur ami de l’humain (je le confirme), d’autres espèces peuvent vous apporter amour et complicité. Le lapin est plus compatible pour une personne handicapée. Le chat est un très bon anxiolytique grâce à sa fonction ronronnement, et peut faire une bonne bouillotte en cas de douleurs à l’estomac ou au ventre. Par contre, ils volent votre oreiller pendant votre sommeil et grattent aux portes à 4h du matin, sachez-le.
(Pensée émue pour mon chat, avec ses câlins coup de boule plein de bave que je n’oublierai jamais ❤️ ).

Lorsque j’ai adopté mon loup, j’étais très sportive, je ne savais pas que j’étais malade et n’avais pas prévu de devenir handicapée. Continuer de m’occuper seule de mon chien est devenu un challenge, il a fallu trouver des solutions, déménager dans un lieu plus adapté, troquer la trottinette tout terrain pour l’handicycle.
Je n’ai aucun regret, au contraire. Dans mon livre, j’explique en quoi mon chien m’a pratiquement sauvé la vie à une période où j’étais au plus mal. Je pourrais presque dire, comme certains parents, que mon chien c’est “ma viiiie, mon oxygène, mon sang, ma raison d’être, mon essentieeel”.

Avantages

• une présence au quotidien pour palier à la solitude
• source de réconfort
• peut aboyer en cas de danger
• permet d’avoir une activité physique régulière

Inconvénients

• il faut une activité physique régulière
• une attention et énergie au quotidien
• contraintes supplémentaires

Mon livre : En finir avec les errances médicales, Lisa Naudé, éditions Idéo 2024
Disponible à la Fnac, Cultura, Leclerc, Amazon, leslibraires.fr, Place des libraires, Decitre, La Procure, Rakuten, Eyrolles librairie, Hall du livre, et disponible en commande dans n’importe quelle librairie 💖

Handi_mermaid (blagues, humour sur la maladie et le handicap)

Chroniques d’une patiente